Lorsque des chercheurs de plusieurs instituts Carnot se rassemblent pour monter un projet de recherche on appelle cela un inter-Carnot. Cela permet d’élargir les expertises scientifiques et de débloquer des financements plus importants.
Alors que l’appel à projet ISIFoR 2024 débute tout juste voici, dans l’article qui suit, un exemple d’inter-Carnot ressourcé par le Carnot M.I.N.E.S. et le Carnot ISIFoR en 2023.
L’histoire de MOPYFLUID est celle de « retrouvailles » scientifiques. Les deux chercheurs impliqués dans ce projet : Frédéric Marias* et Marion Carrier** se connaissent en effet de longue date ; le premier ayant co-encadré le travail de post-doctorat de la seconde à l’ICMCB en 2008***. Chacun ayant poursuivi son chemin de recherche depuis cette date : Marion travaillant le sujet pyrolyse sous plusieurs angles et à travers diverses expériences internationales, Frédéric associant son travail d’enseignant à celui de chercheur centré sur les questions de pyrolyse et de gazéification.
Aujourd’hui ils se retrouvent autour d’un projet ressourcé par un inter-Carnot proposé par Marion : MOPYFLUID. Il s’agit de travailler sur la pyrolyse rapide de biomasse lignocellulosique en lit fluidisé. L’objectif ultime étant, à l’issue de ce processus, de « récupérer » des éléments constitutifs de bio-huile ou de molécules chimiques utiles à d’autres usages. Pour être plus précis le projet qui rassemble le Carnot M.I.N.E.S et le Carnot ISIFoR envisage de créer un modèle mathématique représentant les phénomènes internes aux réacteurs à l’échelle de la particule.
[ISIFoR] Comment avez-vous envisagé le montage de votre projet en inter-Carnot ?
[Marion Carrier] J’arrivais à la fin de mon projet PRYOKINE dans le cadre du programme MOPGA. Parallèlement à cela, m’étant formée ces dernières années à la modélisation des cinétiques globales, j’avais d’ores et déjà construit l’axe de travail de MOPYFLUID. Ce dont j’avais besoin pour le mener à bien c’était un financement et c’est à ce moment-là que j’ai discuté avec ma direction et Mme Laboudigue**** qui m’ont orientée vers un inter-Carnot.
[ISIFoR] Comment s’est déroulé de manière pratique le montage de votre dossier ?
[Marion Carrier] J’ai trouvé que le dispositif inter-Carnot était bien adapté à mon projet, il me permettait de financer la totalité d’un post-doc sur 18 mois dans une collaboration avec un autre scientifique connaissant bien le domaine de recherche. J’ai donc rédigé une proposition de collaboration à l’issue de laquelle je devais trouver un partenaire dans un autre Carnot. J’avoue que je ne savais pas d’emblée à quel chercheur faire appel n’ayant pas une vue précise des équipes constituant les labos Carnot. J’ai été à nouveau aidée et guidée vers un Carnot qui pouvait répondre à mon besoin et c’était le Carnot ISIFoR. En regardant dans les labos d’ISIFoR j’ai constaté que Frédéric Marias en faisait partie et je me suis dit « génial voilà la bonne personne pour monter ce projet ».Une fois que j’ai eu la confirmation que cela intéressait Frédéric, chacun a pu avancer sur ses dossiers à soumettre pour construire la proposition de projet. De mon côté il y avait bien sûr un comité scientifique qui a évalué le projet puis, ensuite, des allers et retours sur la partie budgétaire. En ce qui concerne ISIFoR un dossier où la science était évaluée devait aussi être soumis.
[ISIFoR] Quels seraient les points forts d’un dispositif inter-Carnot selon vous ?
[Frédéric Marias] À mon sens il y a plusieurs avantages. Il y a d’une part la collaboration académique sur des sujets complémentaires cela permet de développer des compétences utiles à chacun des chercheurs et à sa structure. C’est aussi, et peut-être en premier lieu, arriver à faire avancer la recherche par le financement total d’un projet d’étude. Il y a enfin l’accompagnement apporté par les structures Carnot dans le montage du projet de son suivi.
* Professeur des Universités, affecté à l’École Nationale Supérieure en Génie des Technologies Industrielles et au Laboratoire de Thermique, Énergétique et Procédés de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.
** Chargée de recherche au CNRS affiliée au Centre de recherche d’Albi en génie des procédés, des solides divisés, de l’énergie et de l’environnement (Rapsodee, CNRS/IMT Mines Albi).
*** Travail dont le sujet s’intitulait : Conversion de fougère issue de la phytoremédiation en eau sub- et supercritique. https://doi.org/10.1016/j.biombioe.2010.11.007
**** Directrice opérationnelle du Carnot M.I.N.E.S., adjointe au directeur de la recherche de Mines Paris – PSL.