Convertir le CO2 en carburant synthétique est l’objectif du projet HPP-CO2 élaboré par Anton Gusev1. Pour y parvenir il propose d’utiliser le plasma non thermique via le développement d’un générateur haute tension. Un travail qui a commencé en début d’année et qu’il nous présente dans les lignes qui suivent.
[ISIFoR] Peux-tu nous présenter le projet HPP-CO2 en quelques phrases ?
[Anton Gusev] Le projet contribue aux efforts mondiaux d’atténuation du changement climatique. Aligné sur la feuille de route du Green Deal Européen, il vise à réduire les émissions de gaz effet de serre, notamment le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4). La technologie du plasma non thermique (NTP) est une technique prometteuse pour la conversion et l’utilisation du CO2. Les gaz à effet de serre peuvent être transformés en sous-produits précieux et en carburants synthétiques grâce au NTP.
Le projet se concentre sur le développement et le test d’un générateur de hautes puissances pulsées. Le générateur proposé est basé sur une nouvelle approche consistant à utiliser des diodes de suppression de tension transitoire (TVS) comme commutateur haute tension nanoseconde, qui a récemment fait l’objet d’une démonstration par les auteurs de ce projet. Des tests préliminaires de conversion du CO2 seront effectués à l’aide de ce générateur d’impulsions.
[ISIFoR] Est-ce que ce travail est la poursuite d’une recherche ancienne ou s’agit-il d’un nouveau champ d’étude pour toi ?
[Anton Gusev] La recherche combine mon expérience dans le domaine de la haute puissance pulsée et la chimie des plasmas que je découvre. Disposant d’un outil puissant tel qu’un générateur de puissance pulsée à l’état solide orienté vers l’industrie, j’aimerais m’essayer à l’application liée à l’environnement, à savoir la conversion des gaz assistée par plasma. Comme c’est souvent le cas, les innovations naissent de la fusion entre plusieurs domaines, lorsque l’expertise de l’un permet d’aborder un problème de l’autre sous un angle différent.
[ISIFoR] Tu travailles avec 2 autres chercheurs (Simon Bland de l’Imperial College et Marie Poulain du LaTEP) comment se construit ce travail que tu coordonnes ? Comment les as-tu rencontrés ?
[Anton Gusev] Il y a quelques années, j’ai été présenté à Simon BLAND de l’Imperial College London grâce à Bucur NOVAC, titulaire de la chaire e2s UPPPA Pulsed Power Applications (PULPA). Simon, expert mondialement reconnu en matière de haute puissance pulsée et de physique des plasmas, a soutenu mon enthousiasme pour le projet de haute puissance pulsée à l’état solide qui avait été réalisé dans le cadre d’une collaboration entre l’UPPA et l’Imperial College. Aujourd’hui, je suis heureux d’avoir une relation scientifique solide avec Simon, je sais que je pourrai compter sur ses conseils pour mon projet HPP-CO2 et également pour d’autres travaux à venir. J’ai eu le plaisir de rencontrer Marie POULAIN grâce au réseau du Carnot ISIFoR, le laboratoire LaTEP faisant partie de cet Institut. Comme je l’ai déjà dit, la chimie des plasmas est un monde totalement nouveau pour moi, c’est pourquoi une spécialiste telle que Marie contribuera de manière significative au projet HPP-CO2, en apportant son expérience de la caractérisation des gaz.
- 1 Enseignant-chercheur à l’UPPA – Porteur de la chaire junior S2P2 (e2s-UPPA)
- Photos Anton Gusev