À l’UPPA depuis 7 ans Marion Ducousso est enseignante à l’ENSGTI et chercheuse au LaTEP. Dans le cadre de ses cours elle rencontre les étudiants du L3 au M2 et les conduit sur les chemins du génie des procédés. Elle mène en parallèle ses travaux de recherches et débute (en janvier 2025) son premier projet ressourcé par le Carnot ISIFoR.
Elle nous parle aujourd’hui de celui-ci, de son activité d’enseignante, de chercheuse et du chemin parcouru depuis la cuisine de sa tante où elle faisait ses premières expériences de chimie.
[ISIFoR] Enseignante-chercheuse tu dois former des étudiants, poursuivre tes recherches et assumer l’administratif lié à ces missions. De quelle manière abordes-tu l’enseignement dans ce trio d’activités ?
[Marion Ducousso] C’est un métier multicasquette, qui demande à mener plusieurs projets en même temps. Ces projets n’ont pas la même temporalité, finalité ou et le même dispositif. Pour résumer je dirais que cela demande de la souplesse.
Selon moi, pour remplir ces missions, il faut :
- être créative dans sa recherche et son enseignement,
- savoir être dans l’encadrement,
- bien gérer l’administratif.
Dans l’enseignement ce que j’aime c’est rechercher des cas d’illustration qui parlent aux étudiants. Il s’agit également de leur donner des objectifs dans leur travail, mais aussi qu’ils sachent ce que l’on fait en recherche au moment même où l’on donne les cours. La recherche bouge vite, alors donner les enjeux actuels je trouve cela important car cela leur donnera une culture scientifique commune.
En tant qu’enseignante je réfléchis beaucoup à ce que je dis, à la pédagogie. Dans mes cours j’essaie de fonctionner par étapes, de dire les choses de différentes manières, comme s’il y avait plusieurs langues.
Je travaille avec élèves allant du L3 au M2 à l’ENSGTI. Pour ceux qui arrivent c’est leur première introduction au génie des procédés alors ce que je cherche à faire c’est leur donner goût à ces disciplines. Ce qui m’apparait clairement, c’est que les étudiants à qui j’ai affaire veulent s’impliquer dans des métiers qui ont du sens. Je vais donc m’attacher à montrer de quelle manière les procédés s’inscrivent pleinement dans le moment très particulier que nous vivons, un moment où il faut répondre aux questions du changement climatique et cette formation y a parfaitement sa place.
Pour être serein dans son enseignement je pense qu’il faut avoir de la bouteille, trouver le bon équilibre et cela n’est pas toujours facile car ce n’est jamais totalement la même chose et que l’on se trouve avec un public d’étudiants, chacun d’eux étant unique. Il faut souvent réapprendre soi-même ce que l’on souhaite transmettre. Dans cette partie de mon travail je pense souvent à celles et ceux qui ont été mes professeurs, qui m’ont encadré. Parfois les figures de bons vulgarisateurs sont des repères, Étienne Klein est l’un d’eux, je l’ai vu récemment ; il parlait de l’espace et le faisait à la perfection.
[ISIFoR] Cette année (2024) tu as été ressourcée par le Carnot ISIFoR pour la première fois. Ton projet s’appelle CARBAERO, de quoi s’agit-il ? comment connaissais-tu le Carnot ?
[Marion Ducousso] CARBAERO c’est une première collaboration entre le centre RAPSODEE (IMT Mines Albi) et le LaTEP (UPPA). C’est ce que l’on appelle un inter-Carnot car deux Carnot (M.I.N.E.S. et ISIFoR) contribuent à financer le projet. Sur ce projet, grâce à la synergie de nos deux labos, on cherche à capter le CO2 via la carbonatation d’aérogels humides fonctionnalisés. On veut donc dépolluer des effluents, ici capter du CO2 sur un solide. Le procédé auquel on travaille doit aussi pouvoir s’adapter ; on cherche pour le moment avec du CO2 mais il devrait s’adapter à d’autres gaz issus d’effluents industriels.
Les projets ressourcés avec le Carnot permettent de réfléchir, de tester des choses. C’est libérateur, si cela marche on se sent plus fort pour avancer, pour aller voir des industriels si cela ouvre des perspectives de ce côté-là. J’ai mieux connu ce dispositif et la recherche partenariale avec Pierre (Cézac1), il est familier avec cette démarche, il l’a beaucoup impulsée et la soutient au quotidien.
En tant que chercheuse j’ai envie de faire les deux types de recherche : de l’académique et du partenarial. En ce qui concerne l’industriel il faut savoir dialoguer, afin que tout le monde y trouve son compte, qu’il n’y ait pas trop de compromis de part et d’autre et c’est là un véritable savoir-faire à acquérir.
[ISIFoR] Quel parcours t’a conduit à Pau jusqu’au LaTEP et à l’ENSGTI ?
[Marion Ducousso] Je viens d’Agen. Après mon bac je suis allée en école d’ingénieurs à Albi. J’y ai fait mon cursus et par la suite réalisé ma thèse. Après, j’ai collaboré sur des projets avec des industriels basés à Compiègne puis à Clermont-Ferrand. La recherche académique et l’idée de travailler dans un labo public me motivait particulièrement pour la suite. À ce moment-là, j’ai beaucoup échangé avec Elsa Weiss-Hortala, mon encadrante de thèse, qui m’a conseillée de ne pas hésiter à postuler à différents postes d’enseignants-chercheurs, même si mon profil ne collait pas à 100 % à la fiche de poste. Je l’ai fait et cela a fonctionné.
Mon sujet de thèse portait sur la réactivité du biochar issu de la gazéification. En arrivant au LaTEP j’ai dû reconstruire beaucoup de choses : changer de sujet, trouver mes marques dans un nouvel environnement, apprendre le langage du laboratoire qui m’accueillait.
Aujourd’hui, avec un peu de recul, je me rends compte que ce changement m’a été très utile. Il me permet d’avoir le langage des M.I.N.E.S. d’Albi (où j’ai été formée) et dans le même temps celui du LaTEP. C’est une force, cela permet de monter des projets à la croisée des laboratoires et des disciplines. Cela élargi les perspectives de mon travail de chercheuse. Dans le même temps cette question de vocabulaire, que j’ai rencontrée en tant que chercheuse, m’a conduit à réfléchir à mon enseignement, sur la manière de parler des sujets, avec quels mots.
[ISIFoR] Ton souvenir de chercheuse le plus lointain ?
[Marion Ducousso] Mon souvenir de chercheuse, c’est une rencontre humaine, avec ma tante. Elle est prof de physique alors on faisait de la chimie ensemble quand j’étais enfant, dans sa cuisine – c’est elle qui m’a donné le goût de la science.
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- 1. Enseignant-chercheur UPPA-ENSGTI-LaTEP