Daniel Brito et Pierre Cézac
Rencontre de deux directeurs de l’institut Carnot ISIFoR : Pierre Cézac (directeur de 2015 à 2023) et Daniel Brito (directeur depuis janvier 2024) pour évoquer le parcours de notre institut. Un regard éclairant sur la manière dont a grandi ISIFoR, la façon dont il fonctionne et ce qu’il est possible d’entrevoir pour les années à venir.
Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ?
[Pierre Cézac] Un regard rempli de sourires. Les chercheurs, les directeurs d’unité, les tutelles, les entreprises membres du COSS ont constitué un groupe qui a porté une vraie dynamique ; aussi bien scientifique, avec les évolutions successives de la feuille de route ISIFoR, que collective. C’est cette dynamique qui nous a permis de prendre place dans la représentation nationale des Carnot. La confiance des tutelles, des présidents successifs de la tutelle principale (l’UPPA !) ainsi que des directeurs d’unités a également été essentielle à cet élan. Autre point de satisfaction : notre capacité à nous transformer. Issu d’un socle énergies fossiles lors de sa première labellisation en 2011, ISIFoR a su, très vite, entamer sa transition énergétique et écologique (dès 2013).
Quel regard portez-vous sur le chemin à parcourir ?
[Daniel Brito] Il y a différents objectifs sur notre route, comme France 2030 ou zéro émission nette dont l’horizon est 2050. Ce ne sont pas que des mots, nous devons poursuivre cette ligne vitale pour la société. Notre Carnot se situe sur les secteurs clefs des géoénergies et des géoressources. Ils connaissent une mutation très importante (l’hydrogène natif ou les nouveaux matériaux par exemple). Il nous faut donc accompagner pleinement la RI&D sur ces domaines pour continuer à être partie prenante de cet impératif changement.
De quoi êtes-vous le plus fier ?
La feuille de route du Carnot ISIFoR
[Pierre Cézac] Difficile de n’en retenir que quelques-unes… L’évolution de la feuille de route, travail collectif des unités de recherche et de l’équipe opérationnelle en est une. Quel plaisir de partager des visions scientifiques entre des géophysiciens, des mathématiciens, des chimistes, des procédés, des mécaniciens (…), d’en débattre, de construire ensemble une feuille de route dont l’équipe opérationnelle s’empare jusqu’à échanger des schémas papiers le dimanche. L’illustration qui en découle éclaire le positionnement scientifique du Carnot ISIFoR. Ce n’est pas le produit d’une agence de communication mais le fruit des membres d’ISIFoR. Quelle fierté de voir des directeurs d’unité reprendre ce schéma qu’ils se sont appropriés lors des évaluations HCERES. La notion de collectif ISIFoR est également un point de fierté. Nous avons co-construit ce Carnot, en particulier avec les directeurs d’unité. Il n’y a jamais eu de points de blocage/ tension entre nous alors que nous avons fléché plus de 10 M€ sur des projets recherche dans les différents laboratoires. Il y a des discussions, des échanges mais la transparence de notre fonctionnement et de nos prises de décisions communes a toujours permis d’avancer sereinement. Nous avons aussi été un laboratoire d’essai pour les grands projets de l’UPPA ; l’I-Site e2s par exemple. Enfin, un point qui me tient particulièrement à cœur, c’est que le Carnot soit devenu un véritable facilitateur pour les chercheurs.
Quelles sont les choses qui vous paraissent les plus motivantes ?
[Daniel Brito] À moyen terme, ma motivation première sera le réseau. Nous devons continuer à tisser un réseau partenarial de recherche public-privé le plus complet qui soit, au niveau national, voire international. Son élargissement a pour objectif de répondre le plus efficacement possible aux enjeux d’ingénierie dans le domaine des géoénergies et géoressources qui est notre socle. Pour y arriver nous avons tout le travail réalisé depuis notre première labellisation en 2011 et cela constitue une bonne base. Nous devons donc l’étendre en nous ouvrant sur l’extérieur mais aussi en répondant aux sollicitations. Car le label Carnot est un gage de confiance qui attire, incorporer des nouveaux partenaires dans ISIFoR est un enjeu important. Un réseau solide, grandi ; dont la dynamique et l’agilité demeurent, quoi de plus inspirant ?
Comment imaginez-vous le Carnot dans 10 ans ?
[Daniel Brito] Encore plus assuré sur ses domaines d’expertise, parfaitement visible et identifié des industriels de l’énergie du sous-sol. De nombreux signes nous indiquent que les partenariats de recherche vont croître dans les 10 années à venir. Les PUI (Pôles Universitaires d’Innovation) vont dans ce sens, dans le même temps des programmes comme le PEPR sous-sol vont faire grandir l’expertise sous-sol et proposer aux industries des recherches encore plus à la pointe avec des sujets et des applications renouvelées. Voici donc beaucoup d’éléments, dont le soutien accru pour les années à venir du MESR et de l’ANR à l’égard du dispositif Carnot, qui concourent à faire monter en puissance notre Carnot, à travers une RI&D plus forte en France et dans le paysage international.