« Créer la communication du réseau des Carnot » – entretien avec Diane Vinet (directrice communication de l’Ai Carnot)
À la tête de la communication de l’Ai (Association des instituts) Carnot depuis 2008, Diane Vinet s’appuie sur une riche expérience de communicante. Elle est chargée de définir et de mettre en œuvre une stratégie complexe, afin de rendre intelligible un réseau divers aux problématiques pointues. Elle nous livre aujourd’hui ses réflexions sur l’écosystème dans lequel viennent s’inscrire les 39 Carnot et la stratégie de communication qu’elle construit et met en place jour après jour.
[ISIFoR] Peux-tu nous dire quel a été ton parcours de communicante avant d’arriver à l’Association des Carnot ?
[Diane Vinet] J’ai eu un parcours atypique pour une communicante dans la mesure où je n’ai pas suivi de formation en communication au départ. Je suis passée par l’Université Paris IV Sorbonne et je me suis spécialisée en Histoire Sociale & Culturelle. Tout en préparant mon mémoire de DEA traitant des sociétés savantes au XIXe siècle, j’ai commencé à travailler dans la communication. À cette époque, j’envisageais une carrière dans la culture mais cette idée s’est trouvée bouleversée par mes premières expériences professionnelles. J’ai abordé successivement plusieurs domaines de la communication : événementiel, consultante RP au sein d’une agence, free-lance pour Saint-Gobain, ou le Guide du Routard, enfin chez Vinci – au Pôle édition… Au cours de mes expériences professionnelles, j’ai complété mon cursus avec des formations en communication multimédia (Visiplus Academy) puis communication 360° au Celsa. Insensiblement j’entrais en communication, ce dont je me félicite encore aujourd’hui.
[ISIFoR] Lorsque tu prends les rênes de la communication en 2008, le réseau des Carnot est tout jeune – peu connu (il est né 2 ans auparavant) – quelles ont été tes premiers objectifs ?
[Diane Vinet] Je suis arrivée à l’AiCarnot en 2008, à ce moment-là les instituts Carnot n’étaient pas connus dans l’écosystème ni au niveau des entreprises, il y avait beaucoup de choses à construire. C’est donc cette année-là qu’un nouveau poste, dédié à la communication, a été créé. Il témoignait d’une nouvelle stratégie au sein de l’Association et c’est ce poste qui allait être le mien. Pour tracer les grandes lignes, on peut estimer qu’il y a eu plusieurs phases dans la mise en œuvre de la communication : une première de 2008 à 2017 corporate et interne, une seconde qui s’est ouverte depuis 2018 qui a connu une forme d’accélération notamment vers les entreprises.
Pendant les dix premières années, il a fallu consolider le dispositif, créer une synergie entre les Carnot et développer l’esprit Carnot à travers l’animation en interne de séminaires, de réunions « bonnes pratiques » sans oublier l’événement annuel incontournable : Les Rendez-vous Carnot. À ce moment-là, la notion de réseau n’était pas encore prégnante auprès de nos cibles et en interne. Ce fut un chantier à part entière via un dialogue permanent et continu avec chaque Carnot et beaucoup de réunions de communication. C’était aussi une époque incertaine dans la mesure où l’on ne savait pas si le label « institut Carnot » serait pérennisé. Ce n’est qu’en 2015 que le MESR a confirmé le dispositif qui n’est plus remis en question. Seul l’appel à candidature tous les 4 ans est maintenu impliquant des objectifs de résultats pour chaque Carnot. Ces années ont aussi été celles où l’on a structuré les premières lignes de la communication externe, par le recrutement d’une agence de RP : Aromates avec qui on a travaillé les premiers éléments de langage, les cibles presse, les porte-parole, la notoriété. En ce qui me concerne, changer complètement de domaine d’activité était exigeant à l’image du dispositif dans lequel je m’investissais, car les codes du privé que j’avais connus et ceux de l’écosystème Carnot que je découvrais étaient très différents ; mais c’était un moment tout à fait passionnant : on faisait naître la marque, tout était en construction.
En 2018 le réseau des Carnot a connu une forme d’accélération, notamment en communication, avec une stratégie plus offensive vers les entreprises. La réorganisation administrative de l’AiCarnot a rendu ses actions plus agiles et permis de développer une vision sur un temps plus long. En interne la communauté des Communicant-e-s est créée et prend réellement corps, cela a dynamisé et fortifié l’identité Carnot. Les bases étaient consolidées, c’est à ce moment qu’on s’est adressé davantage à l’industrie avec l’idée de monter des showrooms composés de démonstrateurs sur des événements comme Cap Carnot à partir de 2019, Global Industrie dès 2018. On a retravaillé notre image et notre visibilité avec une nouvelle agence, Vae Solis Corporate. Ces années, jusqu’à aujourd’hui, ont été intenses pour l’AiCarnot et les résultats sont à la hauteur : l’étude de notoriété 2022 indiquait que 93% des dirigeants d’entreprises interrogés connaissent Carnot de nom et parmi eux 39% avait connaissance de l’apport des Carnot. L’attractivité des Carnot aussi s’était accrue et 82% de ces mêmes dirigeants reconnaissait l’excellence scientifique du dispositif Carnot. C’est encourageant mais il y a encore une marge de progression à réaliser pour atteindre une meilleure image du label.
[ISIFoR] Travailler à la communication d’un réseau dont les structures et les centres d’intérêts sont très divers (de l’agriculture au luxe, en passant par l’énergie) semble presque impossible : comment parviens-tu à fédérer et à rassembler ce groupe « hétéroclite » ?
[Diane Vinet] C’est une tâche qui est compliquée c’est vrai, mais à partir de fin 2015, les Carnot se sont particulièrement mobilisés et structurés pour faciliter l’accès à la R&D des TPE, PME et ETI de huit secteurs économiques afin de leur permettre d’innover et de rester compétitives dans un monde qui évolue de plus en plus vite (Aéronautique, Automobile et mobilité, Energie, Industries extractives et première transformation, Manufacturing, Médicaments, Mode et Luxe, Sport et Bien-être). Cette initiative soutenue par le Secrétariat général pour l’investissement nous a beaucoup aidé à gagner en visibilité. À partir de ces filières, les Carnot ont souhaité poursuivre cette structuration sectorielle en regroupement / consortium en adéquation avec les comités stratégiques de filières (CSF) du Conseil national de l’industrie (NCI). Cette organisation souple et agile permet de co-construire, mutualiser, mettre en synergie les expertises et les ressources des Carnot. La notion de réseau est encore plus concrète ! En termes de communication cela nous a permis notamment de réaliser un livre : Actions Carnot Filières : 5 ans d’actions concrètes pour renforcer la capacité d’innovation des TPE, PME, ETI en leur facilitant l’accès à la R&D (retrouvez le livre en cliquant ici).
[ISIFoR] Le nombre des instituts Carnot a bien grandi (ils sont à présent 39) et le dispositif de R&D&I partenariale qu’ils promeuvent démontre chaque jour son efficacité. Forte de cette situation, quel sera ton grand chantier de communication pour les mois à venir ?
[Diane Vinet] Actuellement nous souhaitons amplifier nos actions de communication pour accroître notre visibilité et notre attractivité auprès de nos cibles (entreprises, institutionnels, chercheurs, médias) et installer le « réflexe Carnot » avec un positionnement simple et clair des Carnot : c’est ce que l’on pourrait définir par l’unicité dans la pluridisciplinarité. Voici notre chantier actuel pour parler d’une même voix en interne et en externe, afin que le même message soit diffusé partout. Pour cela, on travaille avec tous les Carnot, afin de rendre leurs stratégies commerciales compréhensibles, intelligibles. Nous nous focalisons aussi sur notre stratégie de médias/réseaux sociaux pour gagner en présence et en notoriété. C’est une action qui demande du temps et un investissement constant pour aboutir à des résultats concrets. Notre nouvelle agence de RP Les Rois Mages nous aide à installer ce « réflexe Carnot » auprès des médias, à créer une dynamique, communiquer davantage vers le grand public et la presse économique.
Aujourd’hui je suis fière de travailler sur ces nouveaux challenges et de contribuer à rendre plus visible et lisible le réseau des Carnot.