Construire un programme d’échange avec l’Universidad Tecnologica de Panama c’est, entre autres, ce à quoi s’emploie Myriam Schmutz (enseignante à l’ENSEGID-Bordeaux INP, et chercheuse à EPOC « Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux » / CNRS, Bordeaux INP, université de Bordeaux) depuis de nombreuses années. Lors d’un au-revoir au groupe d’étudiantes panaméennes venues durant le mois de septembre à l’ENSEGID (une mobilité permise pour partie grâce au Carnot ISIFoR), nous la rencontrons afin d’évoquer ce programme qu’elle coordonne. À cette occasion, Eric Grivel (vice-président en charge des relations internationales à Bordeaux INP) a pu nous parler de l’ouverture internationale que propose Bordeaux INP à ses étudiant-e-s. Enfin, nous avons échangé avec Margie Gomez-Rios l’une des étudiantes venue travailler à Bordeaux et faire du terrain sur les côtes Basque et Girondine.
[ISIFoR] Quelle forme prend l’échange entre l’Ensegid à Bordeaux et l’Universidad tecnica de Panama ?
[Myriam Schmutz] Cette année nous avons accueilli durant le mois de septembre un groupe d’étudiantes panaméennes qui est venu faire du terrain et se former à certaines techniques des Sciences de la Terre. C’est un laps de temps qui peut paraître bien court mais ces semaines ont été particulièrement denses et fructueuses. Elles ont permis de travailler en géophysique, pétrophysique, hydrogéologie, hydrochimie, en participant notamment à un stage de terrain d’une semaine en géophysique, suivie d’une semaine de traitement/interprétation des données acquises, puis en réalisant des mesures en laboratoire en granulométrie et porosimétrie.
Ces échanges sont importants, ils sont issus d’un dialogue constant avec le Panama mais aussi avec d’autres pays d’Amérique Centrale. Personnellement je me suis beaucoup impliquée dans ce dispositif (qui a plus de 40 ans et doit beaucoup au professeur Louis Pastor et son accolyte Richard Vanhoeserlande) et j’ai accompli de nombreuses missions via des écoles de géophysique dont certaines avec un groupe d’enseignants-chercheurs français (Panama, Guatemala) et d’autres en tant que formatrice principale (Nicaragua, Salvador). Ce « cadre » permet de former des étudiants et aujourd’hui il y a au moins 3 géophysiciens reconnus dans ces pays, qui ont en partie été formés grâce à ces écoles.
[ISIFoR]Comment Bordeaux INP accompagne les mobilités internationales des étudiant-e-s?
[Eric Grivel] Les relations internationales sont l’une des priorités de Bordeaux INP. Ainsi, la mobilité des élèves-ingénieurs à l’international, pour des séjours académiques (au sein d’un établissement universitaire étranger) ou des stages (dans une entreprise ou en laboratoire), est à présent obligatoire pour les élèves-ingénieurs dans la majorité des écoles d’ingénieurs de Bordeaux INP. Lorsqu’elle n’est pas encore obligatoire, elle est fortement recommandée pour permettre aux élèves-ingénieurs de s’ouvrir au monde, de gagner en maturité et autonomie et d’aborder des projets d’une manière différente. Pour ce faire, nous nous appuyons sur plus de 150 partenariats actifs avec des établissements de l’enseignement supérieur situés sur les 5 continents. Pour accompagner les élèves dans la définition de leur projet de mobilité, nous avons décliné une politique d’information sur les destinations possibles et les modalités à suivre sous différentes formes : journées internationales dans les écoles favorisant les échanges entre élèves, vidéos d’élèves-ingénieurs en mobilité partageant leur expérience, etc. Si les destinations les plus populaires demeurent les États-Unis, le Canada ou encore le Japon, nous échangeons avec les élèves-ingénieurs sur les autres destinations, notamment l’Europe de l’est qui présente de nombreux attraits.
Concernant l’Amérique Centrale, qui nous occupe aujourd’hui, les coopérations entre Bordeaux et le Panama ont plus de vingt ans et se sont déclinées dans différents champs thématiques : géophysiques appliquées, traitement du signal et des images et plus récemment automatique et électronique. Elles se traduisent sous différentes formes : doubles-diplômes, stages d’élèves-ingénieurs, thèses de doctorat d’étudiants panaméens à Bordeaux, projets de recherche menés en commun, échanges de bonnes pratiques au plan formation et publications à la fois en éducation et recherche. Ce partenariat a été présenté à plusieurs reprises lors des rencontres universitaires France-Amérique centrale réunissant des vice-présidents d’universités françaises, des directrices et directeurs d’écoles d’ingénieurs et leurs homologues « Rectores » et plus récemment à l’occasion des Rencontres Campus France durant l’atelier dédié aux Amériques.
La nouvelle initiative de M. Schmutz contribue à la richesse des échanges que nous entretenons avec l’Université de technologie du Panama.
[ISIFoR] Où en êtes vous de votre parcours universitaire et comment voyez-vous les prochaines années ?
[Margie Elena Gómez Ríos] Je m’appelle Margie Elena Gómez Ríos, je suis ingénieur civil diplômée de l’Universidad Tecnologica de Panama (UTP) et je travaille actuellement au Laboratoire de recherche en ingénierie et sciences appliquées (LIICA) du Centre d’ingénierie expérimentale (CEI), un département de l’UTP. Au sein du laboratoire, des travaux de géophysique appliquée sont réalisés comme outil dans des domaines tels que le génie civil (détermination des Vs à 30 m de profondeur pour la classification des sites), la médecine légale (localisation de corps humains dans des sépultures clandestines) et l’archéologie (détection d’anomalies dans les sites à potentiel archéologique) principalement. Nous entretenons actuellement des équipements qui nous permettent de réaliser des sondages électriques et tomographies, des sondages sismiques (onde s et onde p) et des sondages électromagnétiques.
Nous développons constamment des projets de recherche en collaboration avec des universités françaises, j’ai en effet réalisé mon mémoire de licence lors de l’École de Géophysique qui s’est tenue au Panama en 2016, à laquelle ont participé la Dirección Nacional de Patrimonio Histórico (INAC), des chercheurs de Sorbonne Université (UPMC Université Paris 06), la OCA (Oficina del Casco Antiguo), la ATP (Autoridad del Turismo de Panama), le patronage de Portobelo-San Lorenzo et l’Ambassade de France. Actuellement, El Fuerte de San Lorenzo continue d’être un objet d’étude pour les professionnels de l’archéologie et la géophysique continue d’être utilisée comme outil pour localiser d’éventuels vestiges archéologiques. D’ici février 2024, de nouvelles études sont prévues au Fuerte de San Lorenzo et nous espérons avoir la participation du Dr Myriam SCHMUTZ et de l’ingénieure Jehanne PARIS CAVAILHES représentant Bordeaux INP.
Professionnellement, je souhaite continuer à me perfectionner dans le domaine de la géophysique appliquée, c’est pourquoi je suis très heureuse d’avoir pu participer au stage de trois semaines proposé par l’INP de Bordeaux, et je suis convaincue que les connaissances acquises se refléteront dans les travaux que nous développons au sein du laboratoire