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3 octobre 2024

France-Taïwan : une collaboration scientifique ancienne, qui s’intéresse aujourd’hui à l’hydrogène naturel

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Frédéric Mouthereau

Depuis trente ans, le CNRS entretient des relations scientifiques solides avec Taïwan. Celles-ci sont notamment marquées par une collaboration fructueuse dans divers domaines dont la géodynamique, la géophysique, la géomorphologie, la modélisation numérique et plus récemment les énergies décarbonées. Réaffirmé en septembre 2023, lors d’un colloque entre le CNRS et le NSTC1, ces échanges scientifiques prennent, en 2024, une nouvelle orientation avec des initiatives prometteuses pour les géoressources à l’instar d’un projet autour de l’hydrogène natif. Nous avons rencontré Frédéric Mouthereau, chercheur et coordinateur du projet IRP CNRS, pour discuter du programme en cours avec Taïwan, des étapes à venir, avant de faire un point sur l’accord-cadre renouvelé il y a une année.

[ISIFoR] Quel est le programme actuel avec Taïwan ?

Schéma du contexte géologique et climatique de Taïwan (©CNRS)

[Frédéric Mouthereau] Le consortium G2E constitué entre le CNRS et Taïwan autour des sciences de la terre, se concentre principalement sur l’étude des risques associés aux tremblements de terre, événements extrêmes liés au changement climatique et les questions de transition énergétique auxquels se trouve confronté Taïwan.

Il est à noter que depuis plusieurs années le pays est particulièrement engagé dans la transition énergétique, avec un objectif clair : réduire sa dépendance aux importations énergétiques et diminuer son empreinte carbone. Pour cela, l’île mise sur l’éolien, la géothermie et le stockage du CO2, domaines dans lesquels elle progresse rapidement.

 

[ISIFoR] Comment le programme avec Taïwan s’est-il constitué pendant l’été 2024, quelles en sont les prochaines étapes ?

[Frédéric Mouthereau] Tout a véritablement pris forme au cours de l’été 2024. Le symposium de juin a marqué le point de départ d’une réflexion autour de l’hydrogène natif, alors même que Taïwan explorait de nouvelles pistes énergétiques pour répondre à ses besoins. Dès septembre 2024, les chercheurs des deux pays ont organisé un workshop dédié à cette thématique à Pau, permettant d’évaluer rapidement les actions à mener. Cette réunion, qui s’est déroulée sur deux jours, a permis d’aborder les questions de potentiels réservoirs d’hydrogène naturel dans l’île et pour les collègues Taïwanais de profiter de l’expertise paloise en matière d’exploration de l’hydrogène natif ainsi que de visiter sur le terrain un site emblématique des Pyrénées qui porte sur ces questions.

Les prochaines étapes incluent une réunion stratégique en novembre 2024, où seront discutés les enjeux liés aux énergies renouvelables et à l’hydrogène, ainsi que la faisabilité des premières estimations de la ressource sur place. Dès 2025, des études de terrain pourraient être lancées.

Le point sur le Programme CNRS Taïwan 

La collaboration entre le CNRS et Taïwan repose sur plus de 30 ans de partenariat scientifique dans des domaines variés. Depuis la signature du premier accord-cadre en 1993 avec le National Science and Technology Council, ce lien a permis de développer des recherches communes de pointe, notamment en sciences de la Terre, physique, chimie et biologie.

Évolution des travaux du programme scientifique IRP G2E entre Taïwan et la France (©CNRS)

L’un des programmes-phares est l’International Research Project (IRP) G2E, qui s’intéresse aux défis environnementaux et énergétiques. Taïwan, en tant que point chaud géodynamique, est un laboratoire naturel pour étudier des phénomènes comme les séismes, la formation des montagnes, et les ressources naturelles telles que la géothermie. Le programme G2E rassemble des expertises en géophysique, modélisation numérique, les processus climatiques et l’exploration des ressources, avec actuellement un accent sur l’hydrogène naturel et les réservoirs géologiques. Ce projet vise à anticiper les risques naturels et à explorer de nouvelles ressources énergétiques de manière durable.

La structure de la collaboration s’articule autour de plusieurs champs d’action couvrant l’étude des structures profondes de l’île, les processus de surface liés aux changements climatiques, et le développement de nouvelles technologies pour répondre à des défis environnementaux et énergétiques communs.

Ces collaborations s’appuient notamment sur des échanges réguliers et continus de chercheurs et de doctorants.

Pour en savoir plus sur les collaborations entre le CNRS et Taïwan :