Un outil de mesure pour éliminer les composés oxygénés des biocarburants [ Brice Bouyssière ]
Aux origines du projet ImCombMS
Ressourcé en 2018 le projet ImCombMS s’appuyait sur un projet plus ancien et déjà ressourcé par le Carnot ISIFoR. À l’issue de celui-ci (nommé Dosage élémentaire in situ dans une matrice pétrolière) nous avions déposé un brevet avec TotalEnergies et l’Université d’Oviedo, son nom : Method for detecting and quantifying oxygen in oxidizable compounds. Mais nous voulions aller plus loin et avancer sur le développement d’un instrument de mesure appuyé sur cette méthode. Il s’agissait ainsi de mettre au point un outil permettant de mesurer en total et en isotopie les composés majeurs sur une surface solide pour élargir les possibilités instrumentales pour la cartographie d’un échantillon. Plus précisément cet outil devait pouvoir quantifier de manière précise les composés oxygénés présents (phénols, aldéhydes, acides organiques) dans les biocarburants afin de les éliminer. Enjeux importants de la réduction de l’empreinte carbone, les biocarburants sont intéressants dans la mesure où ils émettent moitié moins de CO2 qu’une énergie fossile classique sur leur cycle de vie.
À la recherche d’un partenaire industriel
Pour arriver à cet objectif, nous avions la plupart des éléments en main mais restait à trouver une entreprise capable de créer l’instrument en question. Nous nous sommes donc rapprochés de l’une des références du marché en la matière, le japonais Shimadzu. Leader dans le domaine de l’instrumentation analytique (du médical à l’aéronautique) Shimadzu a montré de l’intérêt pour ce brevet et nous leur avons licencié celui-ci. Le 19 janvier 2021, un communiqué de presse commun (Shimadzu, TotalEnergies, UPPA et Université d’Oviedo) était dévoilé, mettant en lumière l’objectif de notre collaboration. Tous les éléments étant désormais sur « des rails », la version beta fut étudiée dans les mois qui suivirent et bientôt les premiers prototypes sont arrivés à Oviedo et chez TotalEnergies. En 2023, l’UPPA devrait avoir le sien et l’année 2024 être marquée par la commercialisation du produit.
Le maillon d’une chaîne de recherche
Ce projet ressourcé présente, dans la forme développée que nous venons d’évoquer, un exemple très riche et sur le long cours des résultats de financements successifs du Carnot ISIFoR. Pour faire court, on peut décrire ce processus de recherche partenariale ainsi :
- 1er projet ressourcé en 2014 => il aboutit à un brevet (collaboration de 2 partenaires académiques ; UPPA et Université d’Oviedo avec un industriel TotalEnergies),
- 2e projet ressourcé en 2018 => conduit à la création d’un instrument de mesure appuyé sur le brevet précédent (acteurs du projet : les 4 précédents et un constructeur d’instrumentation analytique international : Shimadzu),
- L’avenir => d’ores et déjà de nouveaux éléments (issus des précédentes étapes) émergent : collaborations extérieures en cours de construction et poursuite des projets avec le Carnot ISIFoR autour de SPELBIO qui s’intéresse aux matrices biosourcées.
L’idée d’ImCombMS de créer un instrument de mesure appuyé sur nos travaux de recherche s’est donc matérialisée, mais elle ne s’arrête pas là et va plus loin, car elle s’est ramifiée à partir d’une même idée originelle ; un bon exemple de dialogue, continu et fructueux, entre la recherche académique et l’industrie.
Contact : Brice Bouyssière – brice.bouyssiere@univ-pau.fr